Ladies First : Un hommage aux pionnières du rap US féminin

À l'occasion des 50 ans du Hip-Hop, Netflix consacre un documentaire qui remet en perspective l'impact des femmes dans le rap. Trop souvent oubliées et pas toujours mises en avant, les rappeuses dominent dorénavant les charts mondiaux. 

Sha-Rock, Roxanne Shanté, ou encore MC Lyte... Si ces noms sont inconnus pour la grande majorité des auditeurs actuels de rap, ces artistes féminines ont posé les bases de ce qu'est aujourd'hui la culture Hip-Hop. Si le rap est aujourd’hui mainstream et règne sur les différents classements musicaux, ce n’est pas dû à un hasard : c’est une évolution structurelle et logique due aux réalisations de ses rappeurs. Cependant, bien que ce genre musical se soit progressivement imposé dans les foyers de chacun d’entre nous, il a fallu attendre plus longtemps avant de constater une véritable représentation de la femme (car peu nombreuses durant de très longues années). 

« Je sais pas si j’ai choisi le hip-hop ou si le hip-hop m’a choisie »
— Queen Latifah (Rappeuse, Actrice, et Productrice)

Toutes ces figures de l'ombre (ou de la lumière) prennent la parole à tour de rôle dans le documentaire Netflix Ladies First. On y compte les interventions de rappeuse de l'ancienne génération (Queen Latifah, Yoyo, Rah Digga...) et de celles qui occupent maintenant le devant de la scène (Latto, Coi Leray, Kash Doll…), même si on dénote les absences remarquées de Cardi B et Nicki Minaj (qui ne sont, cependant, pas oubliées dans le reportage). Malgré leur parcours différent, elles ont toutes eu les mêmes difficultés : sexisme, concurrence déloyale entre les artistes, car les labels refusaient de mettre davantage de femmes en avant, et contrats en maison de disques frauduleux. 

IT’S a man’s Man’s Mans’ world

Il est commun de penser que l'industrie du rap (francophone et anglophone) est un monde d'hommes, penser et dominer par eux... L'accomplissement des artistes féminines et le plus souvent minimiser et oublier. Pourtant, derrière la Grande Histoire, on retrouve toujours des femmes aux commandes. Ladies First est une lettre d'amour destinée à ses visionnaires trop souvent oubliées. Elles ont dû faire face à une industrie du disque qui ne leur faisait pas de cadeaux : sexualité cachée pour certaines (l’homophobie est très présente au sein de la culture Hip-Hop), contrôle de leur corps (interdiction formelle de tomber enceinte, sinon elles n’auraient pas pu être marketables), vol intellectuel...

Les Pionnières

Parmi les différentes participantes de ce documentaire, on retient les prises de paroles de Sha-Rock, Roxanne Shanté, et MC Lyte, véritables légendes du rap américain. Par leur détermination et leur persévérance, elles ont ouvert la voie à de nombreuses femmes. Voici leur portrait : 

Sha-Rock

De son nom de jeune fille Sharon Green, Sha-Rock grandit dans le Bronx, berceau du Hip-Hop. Elle brille d’abord en tant que B-Girl (danseuse de Breakdance) avant de très vite s’emparer d’un micro. Reconnue à ce jour comme la première rappeuse de l’Histoire, Sha-Rock brille et s'épanouit au sein du groupe Funky 4 + 1. Ce dernier a une place très importante dans l’Histoire du Rap, car il devient le premier groupe de rap à apparaître à la télévision nationale américaine. 

MC Lyte

Vers la fin des années 80, la jeune MC se lance dans la musique pour seul but : “inspirer et valoriser les femmes”. Elle grandit en admirant Sha-Rock, Roxanne Shanté, et Salt-N-Pepa. Avec sa coupe courte et ses grosses créoles dorées, MC Lyte aborde dans ses textes les ravages de la drogue dont elle est témoin à Harlem, chez sa grand-mère. Elle rentre à tout jamais dans l’Histoire en devenant la première rappeuse à sortir un album solo (Lyte as a Rock) en 1988. Néanmoins, elle n’en restera pas là : elle devient la toute première rappeuse à être nominée aux Grammys. De plus, elle performera à la Maison Blanche sous le mandat d’Obama, devenant la première rappeuse à se produire dans ce temple de la politique américaine. 

Roxanne Shanté

C’est à seulement 14  ans que Roxanne Shanté rencontre le succès. Elle fait ses armes dans des battles où ses jeux de mots perturbent tous ses adversaires. Elle est l'auteure de la première diss track féminine (chanson ayant pour but d’humilier et de tourner en dérision n’importe quelle personne) de l’Histoire du Rap. En réponse au titre Roxanne, Roxanne du groupe U.T.F.O, qui dégradait une femme qui refusait leur avance, Roxanne Shanté va alors composer Roxanne’s Revenge, qui a pour de répondre de manière cinglante au groupe masculin.


« Les femmes MC noires devraient être aussi multiples et différentes les unes des autres que le sont les femmes noires  »
— Salamishah Tillet (Auteure et Professeur)

En évoquant le parcours singulier de toutes ses pionnières du rap américain, Ladies First nous dévoile ainsi le combat qu'ont dû mener les femmes au sein de l’industrie musicale américaine. C’est par le courage et le talent de toutes ses artistes que nous pouvons dorénavant être les témoins d’une scène musicale plus variée. Cette pluralité de la scène musicale d'aujourd'hui reflète simplement la diversité qui compose notre société. En dressant un portrait des différentes rappeuses d'hier et d’aujourd'hui, le documentaire dresse également un portrait général de la femme : sensuelle, pudique, entière, engagée, effrénée, courageuse… 





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