Duran Lantink, nouveau directeur créatif chez Jean Paul Gaultier : un vent de renouveau durable souffle sur la maison

C’est officiel : Duran Lantink prend les rênes de la direction créative de Jean Paul Gaultier. À 37 ans, le créateur néerlandais s’impose comme l’une des figures les plus audacieuses et engagées de sa génération. En deux petites années, il est passé du statut d’outsider à celui de chouchou de la mode, porté par une vision ludique et responsable du vêtement. Sa nomination marque un tournant décisif pour la maison Gaultier, qui jusque-là confiait ses collections à des créateurs invités, le temps d'une saison. Il devient ainsi le premier à occuper ce poste depuis que Jean Paul Gaultier a cessé de créer lui-même des collections en 2020.

crédit : fashionista

Upcycling du luxe, un pari gagné

Connu pour son obsession du recyclage et de la transformation textile, Duran Lantink n’a jamais caché son engagement pour une mode circulaire. Il développe un langage visuel unique mêlant couture expérimentale, durabilité et détournement de codes. Très tôt, il se distingue par une approche radicale : créer du neuf avec de l’ancien, non pas par défaut, mais comme un acte créatif et politique. À la fin des années 2000, il convainc un grand magasin londonien de lancer une collection à partir d’invendus de maisons prestigieuses comme Gucci ou Balenciaga. L’initiative, audacieuse pour l’époque, rencontre un grand succès commercial et médiatique. Ce coup d’éclat contribue à le faire connaître au-delà de la scène indépendante, et le positionne comme un pionnier de l’upcycling de luxe.

Lantink fonde ensuite son propre label, dans lequel il affine sa vision d’une mode ludique, inclusive et durable. Il y explore l’assemblage de matières, la déconstruction des silhouettes et la critique des standards industriels. Sa démarche séduit autant les critiques que les professionnels du secteur. Depuis 2023, ses défilés attirent l’attention de la Fashion Week de Paris. Il y propose une mode à la fois conceptuelle et engagée, où chaque silhouette raconte une histoire, entre humour et provocation. Ce mélange d’intelligence esthétique et de conscience éthique a séduit de nombreux jurys : en l’espace de trois ans, Lantink rafle plusieurs distinctions majeures, dont le Prix Spécial de l’ANDAM en 2023, le Prix Karl Lagerfeld dans le cadre du Prix LVMH 2024, et plus récemment, l’International Woolmark Prize en 2025. Une reconnaissance éclatante pour un créateur dont la démarche ne ressemble à aucune autre.

Un vent d’air frais pour la marque

En le nommant à sa tête, la maison Jean Paul Gaultier change de stratégie. Jusque-là, elle avait opté pour un format atypique de directeurs créatifs en rotation : Chitose Abe, Glenn Martens, Olivier Rousteing ou encore Haider Ackermann avaient chacun interprété l’univers Gaultier le temps d’une collection. Une démarche intéressante, mais qui manquait parfois de cohérence sur le long terme. Avec Duran Lantink, c’est la première fois depuis le départ de Jean Paul Gaultier qu’un créateur est nommé de manière permanente. La marque semble vouloir s’ancrer dans une direction artistique plus stable, plus identifiable. La maison n’a pas précisé de durée pour cette collaboration, laissant entendre que la présence de Lantink pourrait s’inscrire dans la durée. Un choix qui, au-delà de son aspect stratégique, pourrait être synonyme de renouveau profond pour la marque fondée par le couturier français emblématique. Jean-Paul Gaultier lui-même ne cache pas son enthousiasme. Dans un communiqué, il confie : « Je retrouve en lui l’énergie, l’audace et l’envie de s’amuser à travers le vêtement, que j’avais moi-même à mes débuts : le nouvel enfant terrible de la mode. Bienvenue, Duran. » Une bénédiction qui sonne comme un passage de flambeau entre deux esprits libres, unis par une même envie de faire bouger les lignes de la mode contemporaine. Duran Lantink dévoilera sa première collection pour la maison Gaultier en septembre 2025, à l’occasion de la Fashion Week prêt-à-porter femme. Mais le moment le plus attendu reste sans aucun doute sa collection de haute couture, prévue pour janvier 2026. 

Sa nomination interroge aussi plus largement l’avenir de la mode de luxe. Avec Duran Lantink, Jean Paul Gaultier semble vouloir prendre position : le luxe de demain sera responsable, créatif et libéré des carcans traditionnels. Le créateur néerlandais incarne cette nouvelle génération qui n’oppose plus esthétique et engagement, et qui voit dans chaque vêtement une opportunité de raconter une histoire nouvelle – voire de réparer les excès du passé. En associant son nom à celui de Gaultier, Lantink entame un chapitre décisif. Pour lui, bien sûr, mais aussi pour une maison qui semble, plus que jamais, prête à se réinventer sans renier son ADN. 

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