“Scorpio Vénus” : Louve, Intimité Musicale

Crédit photo : @deem.vx

Dans le paysage éclectique de la musique contemporaine, Louve se distingue comme une source d’inspiration pure, alliant avec grâce authenticité, passion, et une évolution artistique constante. Aujourd’hui, nous avons le privilège de plonger dans l’univers d’une artiste pas comme les autres. Depuis le 19 janvier 2024, elle nous fait l’honneur de dévoiler son nouvel EP, baptisé “Scorpio Vénus”, une œuvre qui promet de capturer l’essence de son évolution tant personnelle qu'artistique, j’ai le plaisir de pénétrer avec elle au cœur de sa démarche artistique. Cet EP n’est pas seulement un ensemble de morceaux, c’est le reflet d’un voyage intérieur, d’une musicienne, qui n’a cessé de se réinventer, de puiser dans ses expériences afin d’offrir quelque chose d’unique à son public. Plus qu’une simple interview, c’est une invitation à une conversation intime où chaque mot résonne au moyen de la force et des émotions d’une artiste véritablement engagée dans son art. Levons ensemble le voile sur les secrets de son dernier projet : Bienvenue dans le monde de Louve, là où la musique n’est pas juste écoutée, mais vécue. 

Ma première question fut naturellement portée sur le choix du nom de son disque, celle-ci a ouvert une fenêtre fascinante sur l’univers créatif de cette artiste passionnée. Louve m'a confié que son EP est composé de 7 morceaux, incluant un bonus, tout en explorant le thème complexe de l'amour. Avec une sincérité évidente, elle confie que ces chansons sont le reflet de ses propres expériences amoureuses, chacune indépendantes les unes des autres. L’EP puise dans le vécu émotionnel de Louve, nous invitant à une plongée intime au cœur de ses relations passées. Lorsqu'on évoqua le choix du titre, Louve expliqua que "Scorpio Vénus" n'était pas seulement un nom captivant, mais également une représentation astrologique de son approche unique en matière d'amour. Elle m’expliqua que celui-ci faisait référence à son thème astral : placé sous le signe du scorpion, influençant sur sa créativité, sa planète vénus est surtout à l’origine de la manière dont elle aborde ses relations. 

J’ai ensuite voulu explorer les racines de son inspiration et comprendre son processus créatif. Louve a commencé par évoquer son parcours depuis la sortie de son premier EP “Ultra Chaos” en avril 2021. Peu après, elle rejoint l’aventure de Kid Francescoli en tant que chanteuse et claviériste, s’embarquant dans une tournée mondiale de huit mois. Elle avait initialement envisagé d’utiliser ce temps pour écrire, mais la réalité de sa première tournée a rapidement changé ses plans. Entre les concerts et la nécessité de se reposer, le temps consacré à l’écriture s’est évaporé, laissant place à une intense envie créative qui ne demandait qu’à s’exprimer. À son retour à Paris, Louve a pris un mois et demi pour se ressourcer physiquement et mentalement, réalisant qu’elle ne pouvait pas écrire dans l’agitation parisienne. Sa quête d’inspiration l’a menée à s’isoler dans une petite maison d’un village qu’elle décrit comme peuplé qu’une dizaine d’habitants. Là, dans ce retrait presque claustral, le long des bords de la Loire, elle s’est plongée dans une sorte de retraite spirituelle, coupant presque tout contact avec le monde extérieur. 

Armée de son clavier, d’un carnet et d’un micro, elle a consacré deux jours à organiser tous les textes qu'elle avait rédigés au cours des trois dernières années. C’est au cœur de ce silence et de cette introspection qu’elle a découvert des histoires d’amour captivantes, des récits, qui, selon elle, ne demandaient qu’à être transformés en chansons. C’’est ainsi que “Scorpio Vénus” a pris vie en quelques jours.

Louve a partagé sa perspective sur l'amour, un thème central de son EP. Après une longue période en couple, elle explore le célibat depuis trois ans, une période qui a mis en lumière sa propre sensibilité et sa croyance naïve en une communication authentique et sans filtre en amour. Cette phase de célibat, associée à sa retraite, a non seulement stimulé son processus créatif, mais l'a également aidée à se reconnecter avec elle-même. 

« C’était tellement le feu, je pense que ça faisait longtemps que ça travaillait dans ma tête : il fallait que ça sorte. » 

En rentrant à Paris, Louve a immédiatement pris contact avec Dani Terreur, un artiste et collaborateur de longue date avec qui elle avait déjà partagé plusieurs projets musicaux. Quatre jours seulement après son retour, ils étaient en studio. Ensemble, ils ont achevé l'enregistrement en trois jours, démontrant l'efficacité et la détermination de cette dernière à concrétiser sa propre vision. Porté par cet élan, Louve n’a pas tardé à contacter Perceval Caré pour le mixage de l’EP. Connue pour sa rigueur et son oreille musicale, cette collaboration étroite et fructueuse permit au projet de prendre forme. 

Lorsque je lui ai demandé de décrypter le message profond derrière son nouvel album, l’artiste s’est animée, partageant avec passion la philosophie qui a guidé son processus créatif. Elle a souligné, l’importance de rompre avec les masques que nous portons parfois, laissant de côté l’égo et la fierté qui peuvent souvent nuire à la véritable connexion. En effet, c’est en embrassant notre authenticité que nous créons des relations réellement significatives. Cet appel à la vraie communication et à la transparence résonne à travers chaque note de l'album, invitant les auditeurs à réfléchir sur leurs propres relations et à embrasser la beauté qui découle de la vulnérabilité partagée. En fin de compte, l'artiste espère que son œuvre inspirera les gens à abandonner les jeux de l'ego et à plonger profondément dans la sincérité, créant ainsi des connexions authentiques et durables. 

Par la suite, j'ai cherché à en savoir davantage sur la manière dont elle décrit son évolution artistique. Sa réponse a donné un aperçu intime de son parcours personnel. "Le chemin vers le projet Louve a été très naturel pour moi," a-t-elle commencé. Née à Issy-les-Moulineaux au sein d'une famille nombreuse, Louve profite des tarifs familiaux qui lui permettent d'accéder au conservatoire, où elle pratique la danse classique, le piano et le solfège dès son plus jeune âge. Cependant, afin de satisfaire sa famille, elle opte pour des études plus conventionnelles, un choix qui s'avère rapidement insatisfaisant. “Cela a vite explosé pour moi”, dit-elle avec un sourire. "Je suis partie faire des stages dans des écoles de théâtre tout en travaillant à côté pour garder mon indépendance." C'est au sein de ces écoles de théâtre qu'elle a formé "la tendre meute", un collectif à l'origine de son nom de scène, Louve. Elle évoque ensuite sa transition de la scène théâtrale au monde de la musique, marquée par une rencontre déterminante avec un artiste à la recherche d'une voix féminine. "Je n'étais pas encore sûre de moi, mais il a su me convaincre," se souvient-elle. Cette collaboration a rapidement conduit Louve à faire ses débuts en tant que chanteuse lors de son premier festival électro, un moment clé qui a marqué le début de sa carrière musicale. Parlant de son premier EP, Louve révèle une introspection sur son style initial, un mélange d'électro chanté en français et en anglais. "Ce n'était pas moi à 100%. Je me cachais derrière des phrases esthétiques et poétiques, même si elles révélaient mes secrets les plus personnels." Cette révélation souligne un tournant dans son évolution artistique,

marqué par une acceptation et une affirmation croissantes de son identité. "Après avoir fait du chemin, grandi et mûri, je m'en fous complètement des regards des gens maintenant. Ça a énormément joué sur ma créativité et ma façon d'écrire. L'évolution, c'est que je me suis découverte. J'ai plus peur de qui je suis, de dire ce que je pense. J'ose plus chanter, j'ose plus TOUT." La trajectoire de Louve est celle d'une artiste en constante transformation, une âme créative qui s'est libérée des contraintes pour embrasser pleinement sa véritable essence. 

Sa réflexion sur le temps passé et l'avenir envisagé offre une perspective éclairante sur son évolution en tant qu'artiste et individu. "Qu'aimerais-tu dire à la toi d'il y a cinq ans, et où te vois-tu dans dix ans ?", lui ai-je demandé, curieux de connaître sa vision du chemin parcouru et de celui à venir. 

Louve s'est penchée en arrière, prenant un moment pour rassembler ses pensées avant de répondre. "À la moi d'il y a cinq ans," commença-t-elle, "je dirais surtout que peu importe d'où tu viens, et le fait que tu ne connaisses personne dans ce domaine ne devraient pas être des obstacles à la réussite. Continue à travailler dur, tu verras que l'effort paie." Il y avait dans sa voix une assurance tranquille, le fruit d'années de persévérance face aux doutes et aux incertitudes. 

Quant à l'avenir, sa vision était à la fois ambitieuse et ancrée. "Si dans dix ans, je regarde en arrière et que j'ai vraiment travaillé dur, que tout s'est bien passé, j'espère avant tout me rappeler de rester humble. J'espère avoir toujours les pieds sur terre et m'entourer de personnes de confiance, celles qui m'accompagnent depuis le début." Sa réponse reflétait une maturité remarquable, une compréhension profonde que le succès, autant que le parcours pour l'atteindre, est aussi une question d'intégrité et de fidélité à ses valeurs. 

Ce sont mes histoires d'amour qui ont le plus influencé ce projet," nous rappelle-t-elle, une lueur de réflexion dans les yeux. "Je me suis souvent sentie naïve, ne comprenant pas pourquoi l'ouverture et la vulnérabilité n'étaient pas toujours accueillies avec bienveillance. Ce n'était pas une expérience unique, mais plutôt un sentiment récurrent qui a véritablement animé l'ensemble du projet." Elle a ensuite partagé une anecdote particulièrement révélatrice, teintée d'humour, survenue durant le mixage de l'EP avec Perceval Carré. "Lors du mix, tu revis chaque piste, et quand vient le tour de tes voix, c'est un moment étrange. Dès que j'ai posé mes textes et mélodies, j'ai eu l'impression de ne plus posséder mes histoires. C'était comme si, en les libérant, je m'en détachais. Et en réécoutant mes propres mots, je me suis surprise à penser : 'Ai-je vraiment dit ça ?'" 

Avec un sourire, Louve a exprimé sa prise de conscience que ces mots allaient désormais atteindre non seulement ceux à qui ils étaient destinés, mais aussi un public plus large. "Je me suis amusée à l'idée que j'aurais peut-être dû ajouter les noms entre parenthèses dans les titres correspondants," a-t-elle dit, riant légèrement à l'idée de ces révélations musicales. 

Louve a comparé le processus d'écriture et de création musicale à celui d'écrire des lettres sans jamais les envoyer. "C'est parfois douloureux, tu revis tes sentiments, tu te questionnes. Mais une fois que c'est terminé, c'est comme si cela te libérait d'un poids." Pour elle, la musique est semblable : une fois que la mélodie est posée et que l'œuvre est terminée, elle devient un "objet" qui, une fois publié, appartient au public. "C'est comme si je vous donnais mon journal intime. Il ne m'appartient plus. Il est à vous, faites-en ce que vous voulez." Cette capacité à lâcher prise, selon Louve, est cruciale pour tourner la page. "C'est

libérateur. Recevoir ensuite des messages de personnes qui interprètent la musique à leur manière et y trouvent leur propre sens, ça fait du bien." 

Crédit photo : @iosonoenzoorlando

Lorsque j'ai demandé à Louve de choisir son titre préféré dans son EP "Scorpio Vénus, elle n'a pas hésité longtemps avant de répondre. "Chavire," Ce morceau, selon Louve, a touché beaucoup de monde. "C'est mon premier morceau placé en playlist éditoriale sur Spotify en tant qu'indépendante, et je trouve ça vraiment cool," a-t-elle ajouté, non sans une pointe de fierté dans la voix. Il est clair que "Chavire" tient une place spéciale dans son cœur, non seulement pour son succès, mais aussi pour les émotions et les souvenirs qu'il évoque. Sorti en septembre, juste après l'été, "Chavire" est empreint d'une nostalgie qui ramène Louve à de nombreux souvenirs. Elle a révélé avoir elle-même réalisé le clip pendant l'été, armée d'un caméscope acheté pour l'occasion. "J'ai fait le montage moi-même, y mettant tout mon cœur. Ce clip veut dire beaucoup pour moi," a-t-elle partagé, ses yeux brillant d'une émotion palpable. Sa connexion avec "Chavire" va au-delà de la simple création artistique. En le réécoutant, Louve a confié qu'elle avait eu envie de se faire "un propre câlin", soulignant l'impact personnel et profond que ce morceau a eu sur elle. Cet aveu d'une vulnérabilité transformée en force créative résume la beauté de son processus artistique. "Chavire" n'est pas juste une chanson pour elle ; c'est un voyage émotionnel, un passage qui l'a marquée et lui a permis de grandir. 

"Un mec m’a demandé sur Instagram 'si tu trouves l’amour, comment vas-tu faire pour écrire de la musique ?'". Cette question, bien que teintée d'humour, a ouvert la porte à une réflexion plus large sur la nature même de l'inspiration artistique. Pour Louve, l'amour n'est pas un concept unidimensionnel. "C’est trop bien d’écrire des chansons joyeuses, mais c’est vrai que les moments où j’ai le plus envie d’écrire, ce sont des moments où je suis en remise en question," a-t-elle expliqué. La douleur, la confusion et le désir de comprendre les réactions des autres semblent être pour elle des catalyseurs puissants de créativité. Prenant l'exemple de sa chanson "Brûle", qu'elle décrit comme une déclaration d'amour, Louve a souligné que c'était sa première chanson d'amour adressée directement à quelqu'un. "Ma première chanson d’amour, elle est pour toi", dit-elle dans les paroles, révélant ainsi une vulnérabilité et une authenticité tangible. Pour Louve, l'amour est avant tout une aventure, une quête de sensations fortes et authentiques. "Quand je rencontre quelqu'un avec qui je ressens quelque chose, qu’il y a potentiellement quelque chose à vivre, j’ai envie d’y aller à fond," a-t-elle confié. Même si cela implique de souffrir, elle trouve une beauté singulière dans l'expérience des hauts et des bas émotionnels que l'amour peut apporter. "Dans ma vie, j’ai juste envie de vibrer," a-t-elle ajouté, mettant en lumière son désir de vivre pleinement, sans laisser la peur de la souffrance brider ses expériences. La phrase "Aide-moi à souffrir" capture cette essence de manière poignante, symbolisant une acceptation presque stoïque de la douleur comme partie intégrante de l'expérience humaine. “Un truc de Scorpio Vénus” souligne-t-elle, amusée. 

"Par rapport à Louve, il y a eu un moment où je ne savais plus différencier tout ça," a-t-elle partagé. Louve, pour elle, n'est pas simplement une persona scénique, mais une extension authentique de qui elle est. Prenant l'exemple de l'artiste Rosalia, qu'elle admire, Louve a souligné la capacité de Rosalia à être aussi authentique dans sa vie quotidienne que sûre scène. "Les deux fonctionnent ensemble," a-t-elle ajouté. Cette dualité entre l'artiste sur scène et la personne ordinaire, avec une passion pour la mode et les réseaux sociaux, a inspiré Louve dans sa propre approche. Elle s'est qualifiée d'authentique dans sa démarche,

Louve a souligné que son alter ego scénique, bien que plus extraverti, lui a également apporté une confiance personnelle dans sa vie quotidienne. "Louve, même si c’est la version de moi un peu plus extravertie, qui se permet plus de choses, ça m’a aussi permis dans ma vie de ne plus avoir peur du regard des autres, etc. Les deux ont servi l’une à l’autre," a-t-elle conclu. 

Crédit photo : @deem.vx

Pour finir, j'ai exploré avec Louve la profondeur de son impact sur ceux qui s'immergent dans ses histoires d'amour transformées en musique. La question était simple, mais la réponse a dévoilé une connexion émotionnelle de qualité entre l'artiste et son public. "Comment tu vis le fait que, grâce à l’écriture de tes histoires d’amours que tu transformes en musique, certaines personnes puissent s’y identifier et s’y retrouver à travers leurs histoires personnelles : la boucle est bouclée ?" Elle me répondit : "Quand je reçois des messages ou qu’après mes concerts, on vient me parler, ou que des amis me donnent leurs ressentis en me disant que ça leur a trop parlé : pour moi, c'est le top," a-t-elle partagé. Pour Louve, le constat que ses morceaux ne sont pas simplement sur une plateforme, mais qu'ils sont vraiment dans les écouteurs de quelqu'un, dans son intimité, est une expérience "ouf" (extraordinaire). "En un mois, il y a 5-6 personnes qui m’ont arrêtée dans la rue, témoignant de leur intérêt pour ma musique," a-t-elle raconté avec un mélange de surprise et de joie.”'Louve, j’adore ce que tu fais, etc.” C’est hyper précieux!!" a-t-elle conclu, soulignant la valeur inestimable de ces moments où son art devient une partie significative de la vie des autres. 

Cet échange avec Louve a révélé une immersion dans son univers artistique, explorant ses inspirations et son évolution. Elle a partagé des moments clés et des anecdotes, ouvrant son monde créatif et soulignant l'impact émotionnel de la musique. Plus qu'une entrevue, c'était un voyage émotionnel dans la création de “Scorpio Vénus”.

Précédent
Précédent

Albert Newton : Entre Terre et Cosmos, l'Odyssée Musicale de “Twin Earth”

Suivant
Suivant

OÙ SORTIR À PARIS DU 18 AU 24 JANVIER ?