L'ombre derrière le glamour de la mode

Crédit photo : Avavav La marque de vêtements basée à Florence a beaucoup fait parler d'elle durant la Fashion Week de Milan.

L'industrie de la mode, avec ses défilés étincelants, ses couvertures de magazines flamboyantes et ses icônes de style éblouissantes, exerce depuis longtemps une fascination sur le monde entier. Cependant, derrière ce vernis de glamour et de sophistication, se cachent des réalités bien moins reluisantes, des facettes sombres qui souvent demeurent dans l'ombre. Les témoignages anonymes et les révélations récentes ont mis en lumière les coulisses troublantes de cette industrie, mettant en exergue des pratiques peu éthiques, des normes de beauté irréalistes et une compétition impitoyable. Nous donnons la parole aux photographes, stylistes, journalistes, designers indépendants, etc, pour nous dévoiler les difficultés et les injustices auxquelles ils sont confrontés. Les aspects peu reluisant d’une industrie qui en fait pourtant rêver plus d’un !

Les problèmes économiques que connaît l'industrie de la mode conduisent certains de ses acteurs à avoir des comportements qui posent questions. Ces dernières années, de nombreuses voix se sont élevées sur les réseaux sociaux pour dénoncer les multiples dérives. Dans le microcosme du monde de la mode parisienne, nombreux sont les photographes, mannequins et stylistes qui accumulent, propositions de shooting non rémunérés et retards de paiements, Il y a des stylistes qui te bookent pour des gros projets pour les assister et qui te donnent plus de news au moment du paiement, ça m’est encore arrivé le mois dernier.”(Témoignage anonyme). “Les stylistes qui te demandent d’être disponible à 100% et qui du jour au lendemain ne te donnent plus aucunes nouvelles. (Témoignage anonyme). “Les préps souvent non payées, on est censé bosser des jours avant sur le stylisme, mais on est payé que les jours de shoots, cela arrive dans des grandes maisons en général (Témoignage anonyme). Cette pratique de non-rémunération se vérifie bien au-delà, Le fait de travailler gratuitement est complètement normalisé. Sur les éditos ou les tests, ni les makeup artists ni les coiffeurs ni les stylistes ne sont payés. On offre littéralement notre force de travail gratuitement. Certes, le métier de mannequin n’est pas pénible, mais ça reste un travail comme un autre, un travail qui mérite un salaire. Je ne comprends pas comment on a pu faire croire aux gens que c'était normal d’exploiter un corps gratuitement sous prétexte que c’est une activité jugée “glamour. (Témoignage anonyme). Concernant le travail des designers indépendants, il est souvent constaté un manque de compréhension de la part du public quant au véritable coût de leur travail, " la fast fashion a entraîné une dévalorisation totale des véritables coûts d'un vêtement. En réalité, la conception d'un vêtement englobe un processus complexe de création et de sélection de matériaux."(Témoignage anonyme)

Certains professionnels vont même jusqu’à proposer d’autres modes de rémunération que financier, Je reçois des centaines de demandes de collaboration rémunérée en vêtements. C’est rigolo si tu habites chez tes parents et que tu n’as pas de factures à payer, mais je n'ai pas besoin de vêtements, j'ai besoin de payer mon loyer et manger à ma faim.(Témoignage anonyme). Face à ces réalités, beaucoup de photographes plaident pour une meilleure éducation au sein des écoles, “Il faut que les photographes apprennent à négocier et aient un minimum de base en business ou en marketing avant de se lancer. Et ça, c’est aux écoles de l’enseigner dans sa formation scolaire”, et essaient de fixer des règles, Pas de DM pour faire du business, à la limite WhatsApp pour discuter en dehors du business, ou pour convenir des rendez-vous, mais jamais parler de business en dehors du cadre d’une rencontre ou d’un échange par mail. (Témoignage anonyme).

Beaucoup évoquent également la nécessité de reconstruire la relation qu’ils entretiennent avec les autres acteurs du monde de la mode Apprendre aux clients que c’est du travail, qu’on ne vient pas juste appuyer sur un bouton, ça mérite une bonne rémunération comme tout travail sachant qu’on travaille souvent à notre compte, il faut aussi qu’on puisse couvrir nos arrières.” (Témoignage anonyme). Malgré toutes ces difficultés, les photographes peinent à s’organiser de manière collective, la faute à la forte concurrence qui règne au sein du métier. “Le mood à Paris est trop compétitif, les gens se mettent des coups bas dès qu’ils se sentent menacés alors que ça ne devrait pas l’être, on devrait s’élever les uns les autres.”(Témoignage anonyme).

Dans le monde du mannequinat, même constat, au manque de rémunération criant s’ajoute la cruauté d’un univers ultra-normé. Certaines mannequins dénoncent des doubles standards d’une industrie qui prône pourtant son ouverture, On vit dans une ère qui prône la diversité, mais j’ai l’impression que les gens de l’industrie ne font ça que pour avoir bonne conscience et je trouve ça dommage un peu. (Témoignage anonyme). La première chose qui me vient immédiatement à l’esprit, ce sont les normes de poids. L’idée selon laquelle la mode aurait “changé” serait plus inclusive et simplement fausse. C’est un discours produit par l’industrie de la mode dans les médias pour surfer sur la tendance “diversité” “body positivity”. Mais dans les faits, quand on regarde les baromètres qui calculent les tailles vues sur les podiums, de la part des mannequins plus size est ridicule. On parle de 1% voire moins Même le 38 est très minoritaire ! Il faut arrêter de se mentir. Les corps les plus choisis aux castings sont de taille 34” (Témoignage anonyme).

Aujourd’hui, j'ai la chance d’avoir une bonne agence qui ne me parle pas de ça et m’envoie quand même sur les castings. Mais la décision revient toujours aux clients / les marques. Quand je ne suis pas à mon poids idéal, je travaille moins. J'ai des amies mannequins qui ressentent une pression horrible de la part de leurs agents : pas assez maigre, trop maigre ! C’est lunaire. (Témoignage anonyme).

Comble du cynisme, certaines agences useraient même de stratagèmes pour éviter, sanctions et mauvaise réputation. Les agences ont compris ce qu’elles risquent en faisant pression sur les mannequins, du coup, elles utilisent des stratagèmes insidieux : au lieu de parler en kilos, on va utiliser les mensurations. Ne pas pousser à manger moins, mais plutôt à “se mettre en forme” par le sport. La réalité, c’est le culte de la minceur n’a jamais cessé de régner en maître sur le monde de la mode et ce n'est pas sur le point changer. (Témoignage anonyme).

D’une manière globale, les mannequins évoquent un manque de reconnaissance de la profession et un climat fatiguant. “Les castings, c'est la pire partie de ce métier. C’est deux semaines de courses à travers Paris pour enchaîner deux, trois, quatre castings par jour. Tu peux en avoir fait 15 et décrocher un seul job, pas trop bien payé, pour une marque inconnue. C’est vraiment fatiguant, mais c’est surtout très difficile mentalement au début. Il faut t’habituer à supporter le rejet, le dédain, voir le mépris - par exemple subir des commentaires déplaisants sur ton corps de la part d’inconnus. Tu passes deux semaines à croiser d’autres mannequins qui seront toujours plus belles, plus maigres, avec une plus belle peau. Je ne sais pas s'il y en a qui arrivent à ne pas se comparer. Mais si tu décroches un bon défilé, tu te dis que ça vaut le coup et tu recommences 6 mois plus tard. Le reste de l’année, je ne fais pas beaucoup de castings, mon agence gère les options à distance. Beaucoup de propositions, peu de réponses positives. C’est pareil, il faut apprendre à se détacher, à ne pas le prendre personnellement. (Témoignage anonyme). Ça peut être compliqué en tant que mannequin lors des castings, tu te sens comme un numéro, c’est un peu à la chaîne. (Témoignage anonyme).

Il est indéniable que l'industrie de la mode, sous ses apparences glamour, cache des facettes sombres qui affectent profondément ceux qui y travaillent. Les témoignages anonymes révèlent une réalité difficile à accepter, où l'exploitation et le manque de reconnaissance sont monnaie courante. Face à ces défis, il est impératif que des mesures soient prises pour protéger les travailleurs de l'industrie de la mode, en instaurant des normes éthiques et en promouvant des relations professionnelles respectueuses. Il est également crucial d'éduquer les futurs acteurs de cette industrie aux pratiques commerciales équitables et de favoriser une culture de solidarité plutôt que de compétition. Seulement ainsi pourrons-nous espérer un changement significatif dans un secteur où l'image de beauté et de perfection cache souvent des réalités bien plus complexes et difficiles.

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