c’est quoi le #blockout 2024 ?

Depuis plusieurs jours, un nouveau phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur sur les réseaux sociaux et notamment sur TikTok, le #blockout2024. Né après la cérémonie du Met Gala, le 6 mai, cet hashtag pro-palestinien est sans détour un appel au boycott de toutes les personnalités ne s’exprimant pas sur la situation dans la Bande de Gaza. 

La tension est à son comble. Le conflit israélo-palestinien divise énormément de personnes, au point de déchirer des couples, des familles et même des amis. Le monde est aujourd'hui divisé en deux. C’est un sujet qui crispe et désunit tellement que la plupart des célébrités ne préfèrent pas se positionner et donner leur avis, quitte à rester neutre. Cependant, ce neutralisme et ce manque de prise de position n’est plus acceptable par beaucoup et c’est ainsi qu’à l’initiative d’un tiktokeur, le mouvement #blockout2024 a vu le jour sur TikTok.

“Let them eat cake”, entre provocation et déconnexion avec la réalité

Le 6 mai 2024, à New-York, se déroulait la soirée la plus convoitée et la plus prestigieuse du monde de la mode : Le Met Gala. Tout le monde était impatient de découvrir les tenues des stars les plus en vue du moment, habillées sur le thème “The Garden of Time”, en français “Le Jardin du Temps. Juste avant le début de la cérémonie, l’influenceuse HaleyyBaylee de son vrai nom Haley Kalil a posté une vidéo sur son compte TikTok, vêtue d’une robe extravagante et fleurie faisant beaucoup référence à la souveraine française Marie-Antoinette. Dans cette vidéo, elle reprend une phrase du film Marie-Antoinette, sorti en 2006, que la Reine aurait prononcé (dans la légende) avant d’être guillotinée : “Let them eat cake”. Ce qui veut dire en français “Qu’il mange de la brioche”. Une phrase symbole de la déconnexion entre le peuple et les élites, avec le contexte actuel, qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux. Cela rappelle beaucoup le film Hunger Games où le Capitol représente la cérémonie du Met Gala et ainsi les “élites”, et les guerres dans le monde représente le district 12.

Malgré une vidéo d'excuses, qui n’a pas convaincu les internautes, le mal était déjà fait. Ce jour-là, on pouvait voir un véritable fossé entre la cérémonie qui se déroulait au Metropolitan Museum of Art et quelques rues plus loin. En effet, une manifestation se déroulait en même temps pour un cessez-le-feu immédiat dans la Bande de Gaza, car à l’autre bout du monde, c'était le début de l’opération militaire israélienne sur la ville de Rafah. C’est comme si deux mondes cohabitaient ensemble sur le même espace, mais sans jamais se croiser et s'intéresser l’un à l’autre. Pour beaucoup, le fait que des célébrités dépensent des milliers de dollars pour pouvoir assister à ce genre d'événement ou lieu d’utiliser leur argent et leur notoriété à des fins plus importantes comme pour la situation à Gaza, est une énième provocation qui démontre une discordance importante.

Quand le peuple se soulève, cela donne la “guillotine digitale” : la “digitine”

La soirée du Met Gala et la vidéo d’Haley Kalil, de par leur manque d’engagement, leur attitude passive et leur non prise de position, à pousser des milliers d'internautes aux États-Unis à un appel au boycott général sur les réseaux sociaux : #blockout2024. D’autres ont même requalifié le mouvement de digitine, qui est un mélange des mots “digital” et “guillotine”. Le but est de bloquer des célébrités n’ayant pas utilisé leur visibilité pour dénoncer ce qu’il se passe en ce moment dans la Bande de Gaza et qui préfèrent afficher et étaler leurs richesses. En procédant ainsi, les comptes bloqués verront leur visibilité sur les réseaux sociaux diminuer, ainsi que leur nombre d'abonnés, ce qui affectera leur activité professionnelle et leurs revenus. "Lorsque nous les détestons, ils gagnent de l'argent. “Lorsque nous les félicitons, ils gagnent de l'argent. Mais lorsque nous bloquons leurs comptes de médias sociaux et que nous oublions complètement leurs noms, ils perdent tout", a expliqué le tiktokeur d’où est parti le mouvement Blockout2024.

D’abord arrivée aux États-Unis, ce phénomène a tellement pris de l’ampleur qu’il a traversé l'Atlantique et est arrivé en France, jusqu’à d’autres pays un peu partout dans le monde. Désormais, on peut voir de nombreux tiktokeurs du monde entier dévoiler leur liste de personnalités à bloquer sur les réseaux sociaux, en passant par des personnalités qui ont préféré rester silencieuses. De cette initiative, de nombreuses célébrités ont perdu des milliers de followers. Selon le site Social Blade, Kim Kardashian aurait perdu plus de 811k personnes en l’espace de quelques jours, Beyoncé 696k, ou encore moins 166k pour Zendaya. La chanteuse et actrice Selena Gomez aurait perdu le plus grand nombre d'abonnés, avec plus d’1 million de personnes. 

Réveil tardif des consciences ou la peur d’être “cancel” de la scène médiatique ?

Cet appel au boycott semble bien fonctionner même s’il n’est pas vraiment proportionnel au nombre d’abonnés des célébrités. Il semble même éveiller les consciences, car on a pu voir des célébrités s’exprimer sur le sujet comme la chanteuse Lizzo. En effet, il y a quelques jours, l’artiste a publié deux vidéos. Dans la première, elle partage plusieurs cagnottes pour des personnes se situant dans des zones de guerre où le terme génocide est employé, comme à Gaza, au Congo ou encore au Soudan. Dans l’autre vidéo, elle explique qu'elle souhaite “prendre une seconde et remercier personnellement tous les militants qui ont travaillé sans relâche pour aider à la libération et à la liberté des personnes qui ont été “génocidées” partout dans le monde, en particulier en Palestine”. 

Dans les commentaires de ces deux publications, les bonnes actions affichées masquent en réalité la crainte d'être "cancel" ? Mais que signifie ce terme anglo-saxon, né dans le milieu des années 2010 ? Plus qu’un simple mot populaire, “la cancel culture” est une pratique tout droit venue des États-Unis, qui consiste à ostraciser, des cercles sociaux, des individus, des groupes ou institutions responsables d'actes, de comportements ou de propos perçus comme moralement offensantes ou inacceptables. Cela englobe des propos ou des actes racistes, homophobes ou encore sexistes. L'objectif est de les bannir de la sphère publique pour qu'ils n'aient plus d'influence. Elle est une extension de la "call-out culture", qui vise à dénoncer publiquement ces comportements. Un exemple notable est le mouvement #MeToo, permettant aux femmes de dénoncer les violences et harcèlements sexuels. Des personnalités comme Roman Polanski, Harvey Weinstein et Mike Adams ont été visées par cette pratique.

“Too late (trop tard)”, “Mouais, c'est quand les gens la bloquent que ça y est, elle speak up”, “The timing is soooo interesting (le timing est tellement intéressant)”, ou encore “Isn’t a Met Gala ticket worth 75k ? (Un billet du Met Gala ne vaut-il pas 75k ?), figuraient parmi les plus de 30k commentaires. La grande majorité des commentaires s'insurgeait du temps qu’elle a mis pour parler de la situation à Gaza pour finalement partager plusieurs cagnottes. Depuis le début du conflit, de nombreuses personnalités publiques et de célébrités ont affiché leur soutien pour le peuple palestinien, comme la mannequin Bella Hadid, l’actrice Jenna Ortega ou encore le chanteur Macklemore qui a sorti le 6 mai, le même jour que la cérémonie du Met Gala, le titre Hind’s Hall. 

Mais finalement, comment pouvons-nous traiter et commenter un sujet aussi byzantin ? 

Aujourd’hui, aborder les sujets d’Israël, de la Palestine, et de l’attaque du 7 octobre est extrêmement complexe. Tandis que beaucoup exigent des influenceurs, Youtubeurs et Tiktokeurs qu’ils ne restent plus silencieux sur la situation à Gaza, d’autres prennent le risque de dénoncer ouvertement, quitte à se faire des ennemis.

Pour rester informé sur les situations actuelles en Palestine, au Congo, en Nouvelle-Calédonie et au Soudan, voici une liste de sites d'ONG et de plateformes qui fournissent des informations actualisées et fiables :

Palestine

1. Amnesty International

2. Human Rights Watch 

3. B'Tselem 

4. Palestinian Center for Human Rights 

5. Médecins Sans Frontières 

Congo (RDC)

1. International Rescue Committee

2. Human Rights Watch 

3. Médecins Sans Frontières

4. Oxfam

5. Congo Research Group

Nouvelle-Calédonie

1. Amnesty International

2. Human Rights Watch 

3. Pacific Islands News Association

4.RNZ Pacific

5.The Pacific Community

Soudan

1. Amnesty International

2. Human Rights Watch 

3. Médecins Sans Frontières

4. Sudan Tribune 

5. International Crisis Group 

Ces sites et organisations offrent des rapports, des actualités, et des analyses approfondies sur les situations dans ces régions, fournissant ainsi une couverture complète et actuelle des événements.

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