Sarah Burton tire sa révérence.

Après 26 ans de loyaux services à la Maison McQueen, Sarah Burton quitte le navire. Elle laisse derrière elle deux décennies de conceptions formidables, dont certaines ont plus marqué les annales de l’Histoire de la Mode. En attendant de voir ce qu’elle nous réserve pour la suite de sa carrière, revoyons ensemble son parcours chez Alexander McQueen. 

En ce lundi 11 septembre 2023, le groupe Kering lâche une bombe avec l’annonce suivante : Sarah Burton quitte la direction artistique d’Alexander McQueen. Cette annonce surprise en a choqué plus d’un. Elle n’a pas un parcours tout à fait classique. Arrivant chez McQueen en tant que stagiaire en 1996, son travail est tout de suite apprécié par le créateur. Avant de prendre la tête de la maison, elle fut sa protégée et endossa le rôle de responsable des collections féminines durant 15 ans. Suite à la disparition du regretté Lee Alexander McQueen, Burton avait su reprendre le flambant et amené la marque vers une reconnaissance internationale. Le travail de Burton, Kering le décrit de la manière suivante : “ses collections témoignent d’un respect inégalé pour le patronage traditionnel, le travail artisanal et le savoir-faire d’exception, et ce, tout en cultivant innovation, modernité et liberté d’expression.”  Ses créations vont être la convoitise de nombreuses célébrités: Lady Gaga, Cate Blanchett, Zendaya, Beyoncé… Il y a bien pourtant des créations qui ne quittent pas nos pensées et qui font de Sarah Burton une icône de la mode britannique.

La robe qui a chamboulé sa vie  : 

Si on peut résumer le travail de Burton en une pièce, c’est bien avec la robe de mariée de Kate Middleton.  L’actuelle princesse de Galles a fait confiance à la créatrice pour le plus beau jour de sa vie. Le 29 avril 2011, devant près de deux milliards de téléspectateurs à travers le monde, Kate Middleton s’unit au Prince William.  La future royale approche alors l’abbaye de Westminster en arborant une robe signée Sarah Burton pour Alexander McQueen. Pendant des semaines, la presse spécule sur le ou la créatrice qui aura l’honneur de confectionner la robe de la future duchesse de Cambrige. Le journal “The Sunday Times” est le premier à révéler le nom de Sarah Burton. Si cette dernière et son équipe démente un premier temps, en coulisse, elle rentre en collaboration avec la mariée. La commande de la future mariée est simple : “moderne, mais traditionnelle, séduisante, mais pas trop provocante, chic, mais pas exagérément opulente.” 

La robe fit l’unanimité chez les confrères de Sarah Burton. Karl Lagerfeld qualifia la robe de “très raffinée dans les détails”. Vera Wang déclara qu’avec cette robe de mariée, “Sarah Burton a fait une nouvelle approche du classicisme pour une mariée de notre époque qui sera un jour reine”. Cette robe intemporelle, classique et élégante inspira tant d’autres futures mariées pour leur jour j. La journaliste mode Suzy Menkes estime que la robe de mariage de la Princesse de Galles avait suscité un engouement pour la “grâce de la dentelle”.  

Cette robe fut réalisée sur-mesure et en dentelle de Caudry pour un coup estimé à 332 000 dollars. La robe de mariée s’accompagnait d’une traîne de 2,7 mètres : on est cependant loin de la traîne de la Princesse Diana qui mesurait 7,60 mètres. La création de Sarah Burton est mythique pour plusieurs facteurs. Tout d’abord, la robe rend hommage au Royaume-Uni : les broderies présentes sur les manches ont pour motifs des roses, des jonquilles, des trèfles et des cardons. Ces plantes sont les emblèmes respectifs de l’Angleterre, du Pays de Galles, de l’Irlande Du Nord, et de l’Écosse. De plus, pour accentuer la taille fine de la mariée, la directrice artistique à renforcer la jupe en ajoutant un double jupon en tulle et en dentelle, ce qui ajoute du volume.

La généreuse donatrice : 

Si à la ville, la créatrice ne brille pas dans la presse pour ses propos et préfère la discrétion, ses actions parlent pour elle. En 2020, la Maison Alexander McQueen fait dont de tissus inutilisés, entreposé jusque-là dans les archives, à des élèves des écoles de mode de Westminster et de Central Saint Martins. Grâce à cette opportunité, de nombreux diplômés de mode ont pu utiliser ses tissus pour leur projet de fin d’études. Burton a pris conscience la responsabilité qu’elle avait en tant que membre actif d’une industrie très polluante et a compris que “ nos précieuses ressources devaient être utilisées intelligemment.”

La collection représentative : 

Sarah Burton a su reprendre le flambeau laissé par feu Lee Alexander McQueen en respectant l’esprit de la maison tout en proposant son propre univers. Le style Burton peut être résumé en quelques mots : romantisme, poésie et élégance. Si la directrice artistique est plus sombre et moins exubérante que le créateur de la marque, elle possède cependant ce petit grain qui fait la différence. Son avant-dernière collection (automne-hiver 2023) est à l’image de cette idée : la plupart des pièces sombres, mais avec des coupes extravagantes et une touche de couleur bien choisie.

La carrière de Sarah Burton ne se résume pas seulement à cette robe. En 2011, quelques mois après le mariage royal, elle obtient le prix du créateur mode femme de l’année au British Fashion Award. Elle enchaînera les défilés rhytmés par la virtuosité de ses pièces présentées. Si la créatrice s’est montrée assez discrète durant toutes ses années, préférant continuer à travailler d’arrache-pied auprès de ses équipes, elle n’en oublie pas moins de remercier son mentor : “... Je tiens à remercier Lee Alexander McQueen. Il m’a tant appris, et je lui en suis éternellement reconnaissante.” Le dernier défilé de Sarah Burton pour la maison britannique se tiendra le 30 septembre à Paris. Un rendez-vous à ne pas manquer pour la créatrice qui s’apprête à tirer, avec élégance, sa dernière révérence. 

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